Nous avons une relation bien particulière avec nos animaux. Qu’il s’agisse de nos animaux de compagnie, de ceux qui nous nourrissent ou de ceux qui nous échappent, nos relations avec eux sont mouvantes, polymorphes et ont largement évolué avec le temps.
Voici deux ouvrages qui en disent quelque chose :
– Bêtes de somme. Des animaux au service des hommes de Eric BARATAY
– Les français et leurs animaux. Ethnologie d’un phénomène de société de Jean-Pierre DIGARD.
Deux livres, deux approches.
Eric Baratay est historien, Bêtes de somme nous montre à quel point les relations des humains avec leurs bêtes ont évolué au cours des 3 siècles précédents.
Dans un livre très bien documenté et parfaitement clair, il nous explique comment et pourquoi les animaux que l’on côtoie aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’hier. Comment les animaux ont façonné notre vie, notre quotidien, nos espaces et lieux de vie de la même manière que l’on a façonné la place que nous leur accordons, leur morphologie et leur caractère.
Avec un souci constant de la précision, Eric Baratay permet au lecteur de saisir l’importance de l’évolution de ces interrelations pour mieux appréhender celles qui nous lient à nos animaux d’aujourd’hui.
Jean-Pierre DIGARD est ethnologue et anthropologue. C’est donc à une étude de nos rapports avec nos animaux domestiques qu’il se livre dans Les français et leurs animaux.
Les animaux de compagnie ont la part belle (chiens, chats, chevaux…) mais il ne s’y cantonne pas et nous amène également à réfléchir aux liens que l’on construit avec le bétail par exemple ou les animaux sauvages.
Entre culpabilité et rédemption, Digard pointe nos ambivalences à l’égard du sauvage et plus que tout à l’égard de cet ensemble diffus que représentent les animaux qui nous nourrissent.
Son analyse est très documentée et l’on pourra trouver dans la bibliographie de nombreux ouvrages pour développer nos connaissances dans ce domaine : les relations entre humains et animaux.
Un bémol toutefois : il apparait que si les deux 1ères parties de l’étude de Digard relatent avec intelligence les évolutions de nos rapports à la domestication, il semble qu’il se perde au cours de la dernière partie dans la critique trop rapide des mouvements militants œuvrant pour la cause animale.
On aurait aimé que l’analyse reste tout aussi incisive et pertinente, celle du chercheur, alors que transpire simplement l’évocation d’un avis parfois simpliste d’une personne qui semble agacée par ces mouvements militants.
Ces deux ouvrages sont particulièrement intéressants et se lisent comme un nouveau pan de notre histoire : celle de nos relations avec les animaux. Lecture vivement conseillée.